Vitré : une dame de 106 ans se remémore ses 20 années derrière le comptoir d’un café

La ville de Vitré, avec son riche patrimoine et son atmosphère pleine de vie, est le décor d’une histoire fascinante, celle d’Elisabeth Gaillard, une centenaire pleine d’énergie et de souvenirs. Âgée de 106 ans, elle a connu des époques, des événements marquants et, surtout, a tenu un café pendant deux décennies dans le cœur de la ville. À travers son récit, c’est toute l’histoire et la culture vitréenne qui se dessinent, tant par les visages croisés que par les moments partagés autour d’un café. Cependant, son parcours ne se limite pas à ces souvenirs, il témoigne aussi d’une époque révolue, de la force d’une femme qui a su s’imposer dans un univers traditionnellement masculin.

La jeunesse d’Elisabeth et ses débuts dans le monde du commerce

Née le 16 mars 1919, Elisabeth grandit au sein d’une famille de commerçants, son père et sa mère se consacrant à la vente de beurre, lait et œufs. Leurs affaires prospèrent pendant quelques années, mais la crise de 1928 va bouleverser leur vie. En effet, ce cataclysme économique fait chuter leurs ressources, les rendant vulnérables. Tout leur héritage est liquidé, et ils doivent fuir leur maison pour s’installer dans une petite fermette, obligeant Elisabeth à travailler dur dès son plus jeune âge.

Afin d’aider ses parents, elle livre du lait à vélo dans tout le quartier du Rachapt. Ce travail, tout en étant une responsabilité, développe chez elle une résilience et un sens aigu de l’entrepreneuriat. En 1934, à tout juste 15 ans, elle commence sa carrière de piqueuse chez un tailleur local, l’entreprise Noël, où elle restera jusqu’en 1955, apprenant les rouages du commerce et du travail acharné.

Il est intéressant de noter que ces premières expériences lui ont donné non seulement une entrée dans le monde du travail mais aussi une vision d’avenir. Les compétences qu’elle acquiert alors seront déterminantes lors de l’ouverture de son propre café plus tard dans sa vie.

L’impact de la Seconde Guerre mondiale sur sa vie

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la vie d’Elisabeth prend un tournant majeur. Après la guerre, en 1946, elle épouse Arsène Gaillard, un ancien soldat revenu de captivité. Leur mariage symbolise un espoir de renouveau et d’amour dans des temps troublés. Ensemble, ils donnent naissance à une fille, également prénommée Elisabeth, perpétuant ainsi le nom de famille.

Arsène, en plus de son rôle de mari et de père, s’investit professionnellement en devenant responsable de l’assainissement pour la ville, un poste qu’il occupera jusqu’à sa retraite en 1972. Cette période de leur vie montre comment la guerre a pu décimer des destins mais aussi forger des carrières, avec des hommes et des femmes qui se relèvent au lendemain du conflit, comme Elisabeth qui se prépare à embrasser une nouvelle aventure.

Dans ce contexte de résilience, elle continue à travailler et à se battre pour le bien-être de sa famille, tout en cultivant le rêve d’un avenir meilleur.

La création du Café de Vitré et ses défis

En 1955, une nouvelle page se tourne pour Elisabeth, lorsqu’elle acquiert un petit café au 31, rue Notre-Dame, situé en face d’une église. Ce lieu, devenu le Café de Vitré, devient rapidement une institution locale. Les débuts ne sont pas forcément faciles. Tenir un café à cette époque impliquait de relever de nombreux défis, notamment la concurrence croissante et les attentes des clients. Mais Elisabeth, en véritable Dame du Café, y parvient avec détermination.

Elle commence à étendre les heures d’ouverture, ajoutant des jours à son activité notamment les dimanche et lundi, jours de marché. Un véritable combat pour s’imposer dans un environnement à la fois familial et professionnel. Mais au-delà des chiffres, c’est surtout l’expérience humaine et le lien social qu’elle crée dans ce café qui font toute la différence.

Les Saveurs du Café et l’engouement des clients

Elisabeth enrichit la carte de son café avec des produits locaux, en intégrant à son offre des crêpes et des galettes lors des jours de marché. Sa douceur et son savoir-faire attirent de nombreux clients, créant une ambiance chaleureuse. Son café devient rapidement un lieu de rencontres et d’échanges, à la hauteur de son nom Café Nostalgie.

• Ambiance conviviale : Le café est le point de rendez-vous des habitants de Vitré.
• Menu diversifié : Des galettes succulentes et des crêpes délicieuses qui font la renommée de l’établissement.
• Célébration des événements : Fête de la musique, anniversaires, et bien d’autres occasions y sont célébrées.

En se consacrant à son travail avec passion, Elisabeth crée une véritable histoire de Vitré à travers son café, reliant les générations et transmettant des souvenirs à chaque tasse de café servie.

Éléments	Détails
Nom du Café	Café de Vitré
Année d’ouverture	1955
Produits phares	Crêpes, Galettes
Durée d’exploitation	20 ans
Situation géographique	31, rue Notre-Dame, Vitré

Les souvenirs marquants : anecdotes et clients fidèles

Les années passent dans le café et les histoires s’accumulent. Chaque client a sa propre histoire, et Elisabeth, en tant qu’hôtesse bienveillante, devient la confidente de nombreuses âmes. Elle se souvient des rires des enfants, des discussions ferventes des habitués, et même des pleurs de ceux venus chercher du réconfort. Son café n’est pas seulement un lieu de vente, mais un véritable Café des 20 ans, où le temps semble s’être arrêté.

Les personnages emblématiques du Café

Parmi les différents personnages qui ont marqué l’histoire de son établissement, certains se distinguent par leurs particularités. Il y avait l’ouvrier qui venait tous les matins avant d’aller à l’usine, remplir son mug de café noir. Puis, il y avait aussi cette vieille dame qui, le dimanche, commandait une crêpe au caramel, s’installant à la même table depuis des décennies.

• Le Pêcheur : Toujours en quête de nouvelles histoires à raconter.
• La Mémère : Une fidèle cliente qui ne manquait jamais un dimanche.
• Les Enfants : Remplissant l’espace de rires et de jeux avec leurs histoires sans fin.

Chaque tasse de café était une invitation à voyager dans les souvenirs, facilitant le partage et l’échange au comptoir. Elisabeth a souvent noté ces moments dans un carnet qu’elle consulte encore, transformant ses souvenirs en Échos du Comptoir.

Une transition paisible vers la retraite à l’Ehpad

En 1976, après plus de 20 ans à la tête de son café, Elisabeth Gaillard vend son commerce. Le lieu de ses souvenirs et de ses rencontres devient “Saint-Louis”, un restaurant qui perpétue l’héritage qu’elle a construit. Avec ce changement, elle entame un nouveau chapitre de sa vie, mais avec une richesse de souvenirs inestimables. Sa retraite lui offre la liberté de voyager et de voir du pays, un luxe qu’elle n’avait jamais eu auparavant, n’ayant jamais quitté la France.

La vie à l’Ehpad et les liens familiaux

À partir de 2017, elle rejoint l’Ehpad de La Guilmarais, où elle est bien entourée par le personnel et ses proches. À 106 ans, Elisabeth trouve encore une manière d’honorer sa passion pour la cuisine en participant à des ateliers culinaires. La crêpe, son plat emblématique, est revisité dans ces moments joyeux.

• Repas : Elle apprécie les repas partagés avec ses amis.
• Animations : Elisabeth participe aux ateliers de cuisine, partageant sa passion avec les autres résidents.
• Visites : Sa famille, dont sa fille et ses petits-enfants, lui rendent souvent visite.

Ce nouvel environnement lui permet également de continuer à créer des souvenirs, tout en restant fermement ancrée dans la communauté vitréenne. Dans cet espace sécurisant, elle découvre une autre façon d’interagir et de nouer des liens, contrastant avec son passé de commerçante.

Éléments	Détails
Âge actuel	106 ans
Retraite	Depuis 1976
Lieu de résidence	Ehpad de La Guilmarais
Passions	Cuisine, partage des histoires
Visites familiales	Régulières

Son histoire est emblématique de la vie vibrante et des échanges qui caractérisent Vitré. Au-delà de son âge, c’est l’esprit d’une femme qui n’a jamais cessé de donner et de recevoir, créant un réseau de souvenirs indélébiles sous le doux soleil du café.